Avec Gonaïves, C\'en est trop!
13 janv. 2005
Jeanne, il est des crimes
Qui sont oubliés, quoique monstrueux
Il est des fautes graves
Qui sont pardonnables
Et des tâches effaçables
Mais toi, chienne enragée
Espèce de carnassier, de vampire
De carnivore, d\'herbivore, que dis-je encore?
Les Gonaïviens, nos compatriotes
Ne peuvent t\'oublier
Tes traces sont indélébiles
Par toi, la savane désolée
Reprend ses droits
Offre ses images hideuses
A face du monde entier
O Jeanne! Jeanne, qui es-tu?
Ton nom est Lucifier
Si Jeanne est ton prénom
O Jeanne, c\'en est trop!
Jeanne, porteuse de deuil
Créatrice de nouveaux profiteurs
Jeanne, on se souviendra de toi
Ici, ce sont des familles disparues
Et là des gens de tout acabit
Qui font leur fortune
Au nom des milliers de victimes
O Jeanne, femme ensorceleuse
Cauchemar des Artibonitiens
Tu laisses un souvenir désenchanté
Dans la mémoire de cette Haïti déchirée
Un goût amer et fielleux
Dans la bouche des Gonaïviens
Jeanne, tempête sans foi ni loi
Qu\'est-ce que t\'as fait de Gonaïves
Dans la nuit du dix-huit septembre?
Un étang? Un lac? Une rivière?
Un fleuve? Que sais-je encore?
Un océan d\'eau de mort,
Mêlé de sang, de boue et j\'en passe
La cité de l\'indépendance est réduite
A une masse d\'eau mafieuse
Mélangée de feuilles d\'arbres
De corps d\'animaux, de cadavres d\'haïtiens
En pourriture
De carcasses de voitures
Des restes de maisons détruites
Et emportées par la furie des eaux
Gonaïves a l\'odeur de sauge
Cette cité est affectée
Tout le monde en parle
Tout le monde en souffre, ô Dieu!
Jeanne, femme vénéneuse
Insconsciente de nos malheurs de peuple
Je t\'en prie!
Parle à tes éventuelles copines
Dis-leur, c\'en est trop!
Haïti en a assez
Que cesse la canaille!
Puisse au moins Haïti respirer
Je t\'en supplie
C\'en est trop! .